Ce film, considéré comme un chef-d'œuvre par nombre de critiques et de réalisateurs (notamment Terry Gilliam), est en fait un « photo-roman » ou diaporama : montage de photographies en noir et blanc avec un narrateur unique et une bande-son réalisée par Trevor Duncan. Cela donne à ce récit très singulier un fort contenu poétique et sert à représenter une face de la « réalité » : les souvenirs que l'on a d'un moment de sa vie sont partiels, tronqués et lorsqu'on regarde un album photo, les souvenirs viennent dans le désordre avec des « sauts dans le temps ».
A inspiré Twelve Monkeys, de Terry Gilliam
Synopsis :
L'histoire débute à Paris, après la « troisième guerre mondiale » et la destruction nucléaire de toute la surface de la Terre. Le héros est le cobaye de scientifiques qui cherchent à rétablir un corridor temporel afin de permettre aux hommes du futur de changer d'époque. Il a été choisi en raison de sa très bonne mémoire visuelle : il garde une image très forte et présente d'un événement vécu pendant son enfance, lors d'une promenade avec sa mère sur la jetée de l'aéroport d'Orly.
Ce court-métrage est, pour moi, LA perle rare, situé au beau milieux de la Nouvelle Vague Française ( que je déteste )... Le film photographique, à voir et à revoir, surtout si on est fan de sf et de films d'anticipations.
M'a légèrement inspiré pour Sombre Eveil. Légèrement, pour le support...
Chris MARKER
Né le 29 Juillet 1921 à Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine (France), sous le nom de Christian-François Bouche-Villeneuve. Artiste éclectique, Chris Marker est à la fois ecrivain, cinéaste, photographe, caméraman, technicien, poète, journaliste, artiste multimédia, créateur, et baroudeur.
Après avoir suivi les cours de Philosophie de Jean-Paul Sartre, il rejoint la Résistance comme parachutiste pendant la Seconde guerre mondiale. Employé ensuite par l'Unesco, il parcourt le monde et rend compte de ses observations dans ses films et les revues auxquelles il collabore. Après un documentaire "subjectif" en 1952 sur les Olympiades, Olympia 52, il co-réalise un court métrage en forme d'essai avec Alain Resnais, Les Statues meurent aussi, dénonciation acerbe du colonialisme.
Marker impose rapidement sa marque et devient l'un des grands rénovateurs en France du court métrage et du documentaire. En parcourant les pays socialistes, il filme de nombreuses images qui deviennent documentaires sur Pékin, la Sibérie ou Cuba, et se fait ainsi le témoin des changements majeurs du globe, tout en insérant sa propre vision dans ces boulversements. Sa renommée internationale est lancée avec un court métrage de science-fiction, en 1962, La Jetée, montage déconcertant d'images fixes qui illustrent un commentaire en voix off. Terry Gilliam s'en inspirera fortement pour L'Armée des 12 singes.
Cinéaste engagé, Marker a promené sa caméra de l'Asie aux usines Lip, prenant parti et refusant les concessions, à travers un grand nombre de films. En 1977, Le fond de l'air est rouge fait figure de synthèse, où il tente pendant près de quatre heures d'analyser et de comprendre le tournant qu'a pris le XXe siècle dans les années 60. En 1982, Sans Soleil ouvre la voie de " l'essai cinématographique " : c'est à la fois un essai, un montage, un documentaire, une fiction, avec un soupçon de commentaires philosophiques. Il y développe un certain intérêt pour les techniques numériques, qui le mène à réaliser en 1996, Level Five, une réflexion autour de la bataille d'Okinawa.
Marker a également réalisé des portraits de cinéastes, comme Une Journée d'Andrei Arsenevitch sur Andrei Tarkovski, ainsi que A.K. Akira Kurosawa, sur Akira Kurosawa, tourné sur le plateau de Ran. La plupart de ses films peuvent être vus autant comme des autoportraits que des interrogations personnelles, où il exprime sa sympathie pour toute forme de révolution culturelle. Alain Resnais dit de lui qu'il préfigure l'homme du XXIe siècle.
Trés discret, cet artiste a utilisé de nombreux pseudonymes dans sa carrière, et fait interdire un grand nombre de ses films. Il refuse d'être filmé, pris en photo, ou représenté. Ce qui en faait l'un des artistes français les plus mystérieux du XXième siècle.
Peut-être que l'un de vous le connait, sans le ssavoir...